Pour son premier film d’animation, Patrice Leconte s’attaque au roman culte de Jean Teulé “Le Magasin des Suicides”. Un difficile exercice pour le réalisateur des Bronzés.

La famille Tuvache s’est fait sa renommée dans une ville où les gens n’ont plus goût à rien et cherche à en finir au plus vite. Ainsi, Mishima, Lucrèce, Vincent et Marilyn tiennent la boutique la plus florissante de la ville : Le Magasin des Suicides. A l’intérieur on trouve de tout : poisons, cordes, révolvers, rasoirs … Tout le nécessaire pour finir sa vie en beauté. Tout va pour le mieux chez les Tuvache jusqu’à l’arrivée d’un nouveau né : Alan. A sa sortie du ventre de sa mère, il rit ! Joie de vivre incarnée, Alan va transformer le quotidien des Tuvache. Les problèmes peuvent alors commencer …

Véritable OVNI lors de sa parution en librairie, le Magasin des Suicides surprenaient par son humour très sombre, son côté subversif et surtout son sujet. Et cela d’autant plus lorsqu’on sait qu’un Français, Jean Teulé, en était l’auteur ! Un roman génial de bout en bout dont on voyait mal une adaptation cinématographique … Pourtant, à la vue de la bande annonce, on se disait que Patrice Leconte avait peut être fait un hold up. Récit d’un premier film d’animation culotté mais un peu trop conformiste …

Dès le générique d’ouverture on commence à entrevoir le ton du film. Les affiches comiques françaises détournées (La Cité de la Peur devenant la Cité du Rire, les Bronzés deviennent les Zombrés … ) sont un vrai régal. Puis on entre dans le vif du sujet : le suicide devenue monnaie courante dans une ville sans âme. Là on se rend enfin compte de la nécessité de transformer le livre de Teulé en film d’animation, rien d’autre n’aurait été possible. Quelque part entre l’univers gothique de Burton et le côté très cartoon de Pixar, Le Magasin des Suicides s’annonce sacrément bien.

Très vite on retrouve l’essence même du roman. Humour noir et bons mots qui avaient fait la renommée du livre, sont tout aussi agréables à redécouvrir sur grand écran. Pourtant le roi de la comédie à la française ne se contente pas de mettre des images sur les mots de Jean Teulé mais en fait sien. Ainsi, Le Magasin des Suicides surprend lorsqu’on entend les protagonistes pousser la chansonnette. Ce petit côté chanté aura de quoi séduire les plus petits.  Pas de doute, ce premier essai dans le domaine de l’animation est une vraie réussite.

Même si l’on adore les gags à répétition et les nombreux jeux de mots, force est de constater que l’esprit de Jean Teulé s’échappe au fur et à mesure du film. Alors qu’il avait très “sombrement” commencé, le Magasin des Suicides se révèlent après l’arrivée du bébé, tristement joyeux. Le film bascule alors vers une simple comédie dans laquelle l’esprit de Teulé n’est plus qu’un lointain souvenir. La Happy Ending vient enterrer définitivement le roman original qui se terminait d’une bien plus tragique façon …

Quoi qu’il en soit, Le Magasin des Suicides se révèlent être un premier essai du côté de l’animation parfaitement réussi pour Patrice Leconte. Les jeux de mots, l’écriture de Jean Teulé, et les moments chantés (oui oui !) auront de quoi séduire un large public. Pour le côté subversif et pour les inconditionnels du roman, il faudra pourtant repasser.

M.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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