Cinq ans après La Tête de Maman, Carine Tardieu repasse derrière la caméra pour Du Vent dans mes mollets. Sortie discrètement dans les salles françaises, le bouche-à-oreille et de bonnes critiques auront suffi à faire du film un des événements de cette rentrée 2012.

Du Vent dans mes mollets raconte l’histoire de Rachelle, 9 ans qui va débarquer dans une nouvelle école. Surprotégée par sa mère qui l’emmène déjà chez un psy, l’angoissée Rachelle a du mal à trouver sa place dans sa famille. Elle n’a qu’un souhait : grandir et s’émanciper de cette famille. Lors de son premier jour dans sa nouvelle école, Rachelle croise la route de Valérie. Du Vent dans mes mollets raconte alors la naissance de leur grande amitié.

Ce petit film a tout d’un grand

Bizarrement si on ne nous avait pas dit qu’il était bien ce film, on y serait peut-être pas allé. Il faut dire aussi que fin aout au cinéma, c’est un peu la panne sèche. Mais après avoir vu la bande-annonce et surtout avoir entendu PARTOUT que ce petit film avait tout d’un grand, la curiosité nous aura poussées au cinéma. Et puis un film avec des gamines tout feu tout flamme, un Denis Podalydès et une Isabelle Carré en haut de l’affiche ne pouvait pas être mauvais !

La première grosse surprise de ce Vent dans mes mollets est sans conteste le franc parlé et l’absence totale de langue de bois. Ici les parents disent des gros mots, rigolent aux bêtises de leurs enfants et surtout ne rougissent pas quand leurs filles parlent de sexe. On est très loin de ce que l’on voit habituellement avec des enfants innocents un peu candides face à des parents complètement coincés. Et ça fait du bien ! Déjà dans la bande-annonce on avait un peu une idée du ton du film avec des phrases déjà cultes comme la fracassante” On a vu la maitresse se faire faire l’amour dans les fesses … Ha en levrette, tu veux dire“. Dès lors Du Vent dans mes mollets vous procure un vent de fraicheur qui fait un bien fou et vous fera rire sinon sourire à de nombreuses reprises (“sucer des mites” mériterait de devenir une expression culte).

Cette fraicheur repose avant tout sur le duo de jeunes actrices absolument sensationnelles. L’innocence et la fragilité de Rachelle face à l’intrépide et déjà bien informée Valérie. Juliette Gombert et Anna Lemarchand font vraiment la paire et crèvent l’écran. Leurs 400 coups sont aussi ravigotants que touchants. Retenez surtout le nom d’Anna Lemarchand qui fait office de tourbillon fracassant dans Du Vent dans mes mollets et dont on risque fort d’en entendre parler dans les années à venir.

Outre ce côté très léger, Du Vent dans mes mollets va tout de même soulever des questions très fortes et très profondes aussi bien chez les enfants que chez les adultes. La peur de la mort chez les enfants se caractérisera par l’anxiété de Rachelle quant aux parents, c’est la durabilité du couple et du désir qui seront ici en jeu. De même la solitude, la peur de vieillir seul ou la difficulté d’appartenir à un groupe seront aussi bien présentes. Des questions fortes qui seront exploitées avec beaucoup de lucidité et de poésie évitant à chaque fois des pièges qui auraient fait sombrer Du Vent dans mes mollets dans une lourdeur insoutenable.

Intelligent dans son fond, Du Vent dans mes mollets détonne par sa mise en scène. Le côté très 80 du film ressort pleinement grâce à une mise en scène simple, mais très inspirée. L’imaginaire de Carine Tardieu peut alors s’exprimer pleinement. On retiendra aussi le clin d’oeil permanent à La Boum qui donne au film un côté normal et très réaliste.

Le seul défaut du film résidera peut-être dans sa volonté de vouloir trop en faire. D’insister sur des sujets qui ne demandaient pas un si gros traitement (la mort de la maman d’une des camarades d’école est sacrément mal traitée et beaucoup trop lourde). On regrettera aussi la prestation d’Agnès Jaoui un poil trop empâtée et immobile dans ce film face à une Isabelle Carré qui n’en finit plus de se bonifier.

Il y a dans Du Vent dans mes mollets quelque chose d’inexplicable, une grâce folle remplie de poésie et de tendresse qui n’oublie jamais ses objectifs. Un hymne à la vie détonnant de facilité qui vous donnera envie d’être à nouveau un enfant, de rencontrer son alter-égo et de profiter de chaque moment d’innocence. Un film à classer quelque part entre My Girl et Le Skylab pour sa fraicheur, sa poésie, son humour et son côté très émouvant.

M.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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