Trois ans après nous avoir donné la nausée avec son Precious, Lee Daniels remet le couvert avec son Paperboy. Présenté en compétition officielle à Cannes, on a une nouvelle fois vomi.

1969, Lately, Floride. Ward Jansen, reporter au Miami Times, revient dans sa ville natale, accompagné de son partenaire d’écriture Yardley Acheman. Venus à la demande de Charlotte, femme énigmatique qui entretient une correspondance avec des détenus dans le couloir de la mort, ils vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes. Persuadés de tenir l’article qui relancera leur carrière, ils sillonnent la région, conduits par Jack Jansen, le jeune frère de Ward, livreur du journal local à ses heures perdues.Fasciné par la troublante Charlotte, Jack les emmène de la prison de Moat County jusqu’aux marais, où les secrets se font de plus en plus lourds. L’enquête avance au cœur de cette Floride moite et écrasante, et révèle que parfois, la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux…

Bizarrement on le sentait plutôt moyen ce Paperboy. Avec Lee Daniels derrière la caméra et Zac Efron en tête d’affiche on commençait à douter sérieusement de la réussite de ce film. Conditionné pour détester sans doute, il nous aura pas fallu plus de 15 minutes pour nous rendre compte de la médiocrité de Paperboy et nous faire regretter le lever aux aurores. Chronique d’un film raté de A à Z.

Le premier défaut de ce Paperboy résidera d’abord dans son scénario sans queue ni tête. Lee Daniels veut nous parler d’une erreur judiciaire autour d’un meurtre, réussir un thriller en ce sens mais ne prend finalement l’enquête (pourtant au centre du film) jamais au sérieux. Si bien qu’on finit par se contrefoutre totalement de cette histoire. D’ailleurs Lee Daniels s’en fout aussi puisqu’il finira par laisser tomber celle-ci en la résolvant en un claquement de doigts sans autre explication. Et à force de partir dans tous les sens, Lee Daniels passe à côté de tous les sujets qu’il tente d’exploiter.

Si on se doutait de la pauvreté du scénario (qu’on descelle déjà dans sa bande annonce) on prend pleine conscience de l’incapacité du réalisateur à mettre en scène et à filmer dignement. Entre filtres instagram et couleurs criardes on a mal aux yeux pendant 1h50 ! Tout est gros, moche et vulgaire. Constat étendu faute d’une mise en scène posée et appliquée. Lee Daniels ballade sa caméra, enchaine les effets et produit ainsi un cinéma pauvre et bâclé.

Vulgaire est le mot qui qualifiera le mieux ce Paperboy. Comme dans Precious, Lee Daniels nous rejoue la carte du “choking useless”. Et vas y que je m’adonne aux pratiques sadomasochistes, vas y que je me fais prendre violemment par un reclus de prison, vas y que je montre du gore pour le plaisir … Lee Daniels ne fait rien dans la délicatesse et nous prend en otage devant ce spectacle sordide. Personnellement voir Nicole Kidman se faire sauter sur une machine à laver ou uriner sur Zac Efron n’étaient en rien une nécessité et n’apportent évidemment rien au film. Il faudrait que quelqu’un explique à Lee Daniels que choquer pour choquer n’est en rien une finalité et qu’il faudrait commencer à construire ses films autrement.

Côté casting là aussi c’est un pur désastre. Zac Efron ne convainc jamais en ado au complexe œdipien devant une Nicole Kidman en plein contre-emploi certes mais carrément à côté de la plaque quand elle se la joue Basic Instinct. Matthew McConaughey agaçant au possible gagne haut la main la palme du pire acteur du festival pour son rôle dans Paperboy.

A part du dégout et un profond sentiment de s’être fait encore une fois violé par Lee Daniels, on ne ressentira aucun autre sentiment devant Paperboy. Ni empathie pour des personnages trop caricaturaux, ni intérêt pour ce polar sans saveurs, Paperboy nous laissera un très mauvais arrière-goût. Prétentieux, arrogant, vulgaire et sordide, Paperboy aura toutefois marqué les esprits par sa médiocrité. Si Thierry Frémaux pouvait nous expliquer ce que faisait ce film en sélection officielle à Cannes on est tout ouïe.

M.

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Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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