Un nouveau film de Woody Allen c’est toujours un petit événement. Après avoir visité Paris, Londres et Barcelone, le réalisateur New-yorkais se promène à Rome pour un film choral au casting éclectique. Après l’agaçant Minuit à Paris Woody Allen a-t-il relevé le niveau ?
Dans la ville éternelle on rencontre tour à tour un architecte qui croise un étudiant qui lui rappelle le jeune qu’il a été, un simple employé qui accède à une notoriété aussi surprenante qu’incompréhensible, un jeune marié qui tente de sauver les apparences devant ses oncles et tantes et un imprésario à la retraite qui décide de mettre en lumière la voix fantastique du père du fiancé de sa fille. To Rome with Love nous fait partir à la découverte de la ville éternelle à travers différentes histoires de personnages, de simples résidents ou de visiteurs pour l’été, mêlant romances, aventures et quiproquos.
Dès le début du film on se sent mal embarqué : un policier en slim exerce une drôle de danse en tentant de réguler la circulation romaine. Là, il nous prend à parti et nous dit qu’il connait tout Rome et qu’il va nous raconter ses histoires. Et nous voici parti à la rencontre de tous les clichés possibles. De l’avocat italien tombant sous le charme d’une touriste américaine, du petit ami modèle envouté par la meilleure amie qui squatte le canapé au couple coincé qui va voir chacun de son côté une occasion de se dévergonder, il y a dans ce To Rome With Love tout ce que l’on déteste au cinéma. Alors que l’on avait adoré les rebondissements et le rythme de Vicky Cristina Barcelona (dernier bon Woody Allen en dâte), on retrouve dans ce To Rome With Love tous les défauts d’un Woody Allen qui se met à réciter une leçon qu’il connait par cœur. Une écriture automatique pour un scénario des plus paresseux qui ne laisse aucun suspens et réduit l’intérêt du film à néant.
Là où aimait le cynisme d’Allen, celui-ci se laisse encore une fois aller à la facilité. On ne rira ni ne sourira pas une seule fois devant ce spectacle affligeant qu’est ce To Rome With Love. Et cela même lorsque le névrosé et angoissé Woody Allen apparaît à l’écran dans un rôle qu’il joue pourtant depuis 30 ans. Les situations qui se veulent cocasses disparaitront aussitôt perdant tout intérêt et nous feront nous demander pourquoi alors avoir voulu aller dans cette direction. Le grotesque l’emporte alors sur l’humour dans presque toutes les scènes. La palme revenant bien sur au baryton qui s’ignore qu’on va faire chanter sous la douche, sur scène …
Woody Allen n’a tellement rien à nous dire qu’il tentera (en vain) de rendre son film sexy. En inventant à Ellen Page un rôle de petite actrice mytho-nympho relatant ses expériences lesbiennes ou en lançant une Penelope Cruz en prostituée au caractère bien trempée au milieu de la haute bourgeoisie romaine, Woody Allen cherche sans aucun doute à palier les faiblesses de son film et à détourner l’attention des spectateurs !
Alors qu’on s’attendait à un feu d’artifices du 14 Juillet au regard du casting, force est de constater que la encore Woody Allen est passé à côté. Tous semblent figés et se contentent de réciter sans jamais incarner leur personnage. Un énorme rendez-vous manqué qui nous fait nous poser des questions sur la suite de la carrière de Woody Allen qui apparaît comme incapable de diriger ses acteurs.
En plus de ces presque 2 heures de pur ennui dans lesquelles il ne passe absolument rien, Woody Allen va nous fâcher définitivement en saupoudrant son film d’une musique en tout point agaçante. Les accordéons et ce thème mielleux viendront accentuer le côté très carte postale d’un autre temps de la capitale italienne ! On a l’impression que Woody Allen a réalisé son film dans les années 70 tant To Rome With Love manque de fraicheur et de modernité.
On souffle, on soupire et on espère la fin à chaque foi qu’on regarde sa montre. Plat, sans enjeux, jamais drôle, prévisible, vieillot et récité, To Rome With Love ressemblera au final à une escale non désirée d’un long-courrier. En brassant de l’air, Woody Allen nous aura fait perdre notre temps et nous aura donné en horreur la ville éternelle. Un film à oublier aussitôt.
M.