Présenté en compétition à Un Certain Regard , Confession d’un enfant du siècle avait de quoi séduire : Un casting rock et glamour, une adaptation de Musset prometteuse sur le papier et une réalisatrice pleine de promesses. Musset a-t-il ressuscité de chez les morts ?
Paris 1830.
Octave, trahie par sa maîtresse, tombe dans le désespoir et la débauche : le “mal du siècle”.
La mort de son père l’amène à la campagne où il rencontre Brigitte, une jeune veuve, de dix ans son aînée.
Pour Octave, c’est à nouveau la passion.
Mais aura-t-il le courage d’y croire ?
Unique roman d’Alfred de Musset, Confession d’un enfant du siècle fait parti de ses œuvres indémodables et devenus cultes au fil des siècles. Et lorsque l’on s’attaque à des classiques, mieux vaut s’assurer que l’adaptation est fidèle à l’œuvre originale, la respecte et apporte une véritable valeur ajoutée. Sylvie Verheyde (incroyable réalisatrice du magnifique Stella) a du détester Musset au lycée pour lui rendre un pareil hommage !
Pourtant le début du film était prometteur. Dans la campagne anglaise et en costume, on fait la connaissance d’Octave. Blessé par amour, il laisse petit à petit la colère s’enfuir pour tomber dans une dépression qu’il baptisera “Le mal du siècle”. La musique est belle, les plans sont magnifiques et donnent au film un côté très mélancolique voir carrément dépressif. L’amour s’en va, l’homme est blessé et le spleen qui l’envahit nous fascine et nous emporte. Voilà donc pour les 20 premières minutes agréables à suivre.
Le reste ne sera malheureusement que répétition et ennui. Si on comprend les intentions de Sylvie Verheyde de montrer le “mal du siècle” on commence sérieusement à trépigner et à grogner quand Octave en voix off répète une centaine de fois cette expression. On s’agace de la rencontre et du jeu de séduction entre Octave et Brigitte. On regarde sa montre quand ces deux là tardent à échanger un premier baiser et on est consterner quand ils arrivent enfin à être intimes … Tout dans Confession d’un enfant du siècle est alors navrant.
Sans trop savoir pourquoi Sylvie Verheyde va proposer un film à rallonge. Pendant 2heures il ne se passe absolument rien à part un rendez-vous manqué entre deux êtres au final bien perdus. Tout le film est basé sur le besoin de l’autre pour se reconstruire, et sur leur incapacité à communiquer et à aimer. Finalement, on tourne carrément en rond lorsque Confession d’un enfant du siècle se la joue “Je t’aime moi non plus” pendant près de deux heures ! Tout ce qui pourrait être intéressant est relayé au fin fond du cosmos ( Pourquoi ces deux là sont-ils incapables d’être heureux ensemble ? Pourquoi insistent-ils? Quelles prédispositions les poussent à se rejeter continuellement ? ) pour insister lourdement sur des traits de caractère commun comme la jalousie ou l’envie. Il y a dans Confession d’un enfant du siècle beaucoup trop de lourdeur et pas assez de simplicité et de naturel pour un film difficile à avaler.
Si on peut reprocher au film de Sylvie Verheyde de la lourdeur dans ses propos, on ne peut pas lui enlever son incroyable capacité à être pudique. Malheureusement encore, la pudeur ici n’avait nullement sa place ou du moins pas autant ! Confession d’un enfant du siècle se devait être une ode à la passion mais ressort d’une mollesse et d’un ennui exacerbant. L’amour entre Octave et Brigitte ressemble plus à une relation platonique qui pourrait unir un frère et une sœur ou deux amis qu’à deux amants qui ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Les scènes d’amour sont d’une pauvreté manquant cruellement de consistance et de charme nous feront plus souvent sourire qu’autres choses. Il en sera de même pour les éternels conflits des amants maudits. On passe deux heures à se foutre éperdument de leur sort et de l’issue de leur aventure.
Cerise sur le gâteau, là on voyait l’atout majeur de ce Confession d’un enfant du siècle, Charlotte Gainsbourg et Peter Doherty ne convainquent jamais en couple libertin. Ensemble il ne se passe rien, aucune alchimie n’est crée et on sent la grande difficulté pour les deux acteurs à être intime. Rarement on n’avait vu couple si mal assorti … Individuellement là encore c’est la catastrophe. Peter Doherty n’aurait jamais du laisser tomber le micro pour se frotter au cinéma tant il est mauvais et agaçant en enfant gâté, qui nage dans son costume de dandy libertin incompris de tous. On voudrait lui dire de se réveiller mais face à lui l’inquiétante froideur de Charlotte Gainsbourg n’est pas là pour aider. Si on adore Charlotte chez Lars Von Trier et qu’on lui sait de grandes capacités à jouer des rôles de femmes fortes, on se demande bien ce qui lui est arrivé chez Sylvie Verheyde !
Au final, Confession d’un enfant du siècle se révélera être d’une inutilité sans nom, servi ni par un scénario digne de ce nom, ni par des acteurs qui semblent s’ennuyer presque autant que nous. Un film qui n’aura d’intérêt que de susciter en nous une profonde envie de redécouvrir l’œuvre de Musset et de visionner des films qui eux à la différence de Sylvie Verheyde ont tout compris au spleen …
M.