Deuxième adaptation cinématographique de l’année pour le célèbre comte de Grimm, Blanche Neige et le Chasseur voyait plus grand, plus noir que son prédécesseur. Rupert Sanders a-t-il fait le bon choix ? Verdict !

Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute. Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.

Comme la Guerre des boutons l’an dernier, deux films sur Blanche Neige ont vu le jour cette année. Bien que très différents, on se demandait bien ce qu’il était passé par la tête des manias d’Hollywood pour mettre deux fois à l’honneur et à quelque mois d’écart seulement le conte des frères Grimm. Si nous avions gentiment snobé le premier, impossible de passer à côté de Blanche Neige et le Chasseur. Le casting (et surtout la présence de Charlize Theron dans le rôle de la méchante sorcière) la bande annonce très épique et l’affiche noire au possible nous fascinaient déjà depuis quelque temps.

Dès les premiers instants de ce Blanche Neige l’impression ressentie lors de la bande annonce se confirme. Ce Blanche Neige là sera épique et surtout doté d’un esthétisme absolument époustouflant. Dans une introduction très bien calibrée, le conte des frères Grimm se met en place. Rupert Sanders joue avec les symboles du conte (la pomme, les goutes de sang dans la neige …) et montre dès le début son respect pour l’original. Après cette jolie introduction très poétique, Blanche-Neige et le Chasseur prend un tout autre tournant et tombe brutalement dans une noirceur fascinante. Le film de Sanders ne sera pas destiné aux enfants et la cruauté, la violence et la mort seront les maitres mots de Blanche Neige et le Chasseur.

Rupert Sanders a un sérieux talent pour faire avancer son histoire sans jamais s’embourber. Le film est très bien rythmé et les deux heures passeront vraiment très bien. De la fuite de Blanche-Neige du château à la rencontre avec les nains, il ne se passe pas un seul moment où l’on peut décrocher. D’ailleurs, il y a dans ce Blanche-Neige des scènes vraiment stupéfiantes comme la traversée de la forêt enchantée ou encore la découverte du royaume des fées et la rencontre avec le cerf blanc. Rupert Sanders réussit parfaitement à s’accaparer le conte des frères Grimm tout en le faisant sien. Une vraie prouesse d’autant plus quand on sait que Blanche Neige et le Chasseur est son premier film.

L‘immense qualité de ce Blanche-Neige réside dans un travail de direction artistique absolument sublime. De l’armée noire explosant en cristal à la métamorphose de Ravenna en corbeaux, il y a dans ce film un réel parti pris esthétique. On est loin, très loin de l’adaptation de Disney et plus proche d’un héroic fantasy sans doute plus fidèle au conte original.

Si on passe un excellent moment devant ce Blanche Neige et le Chasseur il faut toutefois soulever ici certaines limites qui empêchent ce sympathique divertissement de rentrer définitivement dans l’histoire du cinéma.

Tout d’abord dans un manque de profondeur et d’enjeux. Même si on adore la fuite de Blanche-Neige, la naissance d’une romance et surtout l’incroyable partition de Charlize Theron (son plus grand rôle au cinéma depuis Monster) il manque ici quelque chose. Jamais on est ému, jamais on se prend d’affection pour les personnages et jamais on se sent soulevé par Blanche Neige. Et oui, Blanche-Neige elle-même ou le plus gros défaut du film. Si Kirsten Stewart est bonne quand il s’agit de jouer la petite effrontée en fuite de sa vilaine marâtre elle ne convainc jamais en meneuse de troupe. Là où le discours d’Aragorn nous avait hérissé les poils il y a quelques années de cela on reste finalement de marbre lorsque la très frêle Blanche-Neige se transforme en élu. D’ailleurs la bataille finale sera à l’image du personnage de Kirsten Stewart, fade et sans intérêt. Vraiment dommage.

Impossible aussi de voir Blanche-Neige et le Chasseur comme apportant quelque chose de nouveau. Durant ces deux heures on pense bien sur au conte de Grimm mais on pense surtout à d’autres films comme Le Seigneur des Anneaux ou à Robin des Bois, c’est à dire à tous les films qu’on a déjà vus sur fond d’époque médiévale …Des ressemblances frappantes qui nous donnent surtout envie de nous replonger dans ces classiques !

Sans être le nouveau classique d’Héroic Fantaisy qu’on attendait, Blanche-Neige et le Chasseur se révèle toutefois être un très bon divertissement. Grâce à un univers très marqué, une adaptation fidèle mais inspirée, et à une Charlize Theron génialement terrifiante, le premier film de Rupert Sanders ne mérite que des “bravo” et des encouragements pour la suite !

M.

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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