Après la grande déception Alice au Pays des Merveilles, Tim Burton se remet en selle en adaptant sur grand écran les aventures de la famille Collins. Bien meilleur que Sweeney Todd et Alice réunis, Dark Shadows est un sympathique divertissement, fun et décalé mais reste un Burton bien mineur.
En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant.
Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…
Comment décrire notre sentiment pré-Dark Shadows ? En immense fan de Tim Burton, nous avions eu beaucoup de mal à comprendre le changement de cap du réalisateur depuis Les Noces Funèbres. Pourtant, impossible de manquer un seul de ses films, de ne pas suivre son actualité et de classer définitivement le génial réalisateur de Beetlejuice au rang des metteurs en scène mort et enterré. Ainsi, à chaque nouvelle sortie, un nouvel espoir : et si le Grand Tim Burton était de retour ? Alors à la vue de la bande annonce, des extraits, du casting (Waouh !!) on pensait que 2012 était peut-être la bonne année pour Tim. Malheureusement, il aura manqué à ce 15ème long métrage de la consistance et de la fraicheur pour en faire un film pleinement réussi.
Premières images et premiers “ouf” de soulagement. Dark Shadows démarre de la plus belle des manières. Tim Burton nous raconte, comme il sait le faire, un conte romantico-gothique dans un prélude absolument délicieux. Il ne perd pas une seule seconde pour cadrer son histoire et installer ses personnages. Un rythme fluide qui caractérisera bien ce Dark Shadows ! D ailleurs le final survolté du film nous fera oublier quelques petites longueurs. Un final juste génial dans lequel Tim Burton lâche les chevaux pour notre plus grand plaisir.
Un excellent divertissement où Tim Burton s’amuse de l’adaptation d’un homme débarqué dans une nouvelle époque. Les quiproquos, jeux de mots, petits sous-entendus et grosses taquineries sont des plus exquis. On reconnait là, la patte Tim Burton qui joue avec les situations avec beaucoup d’humour et de second degrés. Une dérision juste géniale qui prouve qu’après plus de 25 ans de carrière, Tim Burton n’a rien perdu de sa fougue et de sa simplicité. Dans Dark Shadows, on sourit beaucoup, on rit aussi et on passe ainsi un très très bon moment dans ce mélange loufoque de conte gothique et d’années disco !
Alors qu’est ce qui finalement ne fonctionne pas dans Dark Shadows ? D’abord un scénario qui manque de pertinence et d’intelligence dans lequel toutes les intrigues secondaires sont sacrifiées au profil de l’histoire de Barnabas Collins. Tim Burton a des tonnes d’idées qu’il veut insérer dans son film mais n’en exploite pas la moitié ! Du petit garçon asocial, à l’oncle abandonnant son fils à la psychiatre qui se prend une passion soudaine pour l’élixir de jouvence, Tim Burton ne prend pas une seconde pour approfondir autour de ces personnages. Il en est de même avec la nouvelle gouvernante, la fille ainée un peu “sauvage” (le WTF final du film…) ou de même avec la vilaine sorcière sexy dont on ne comprend que partiellement les motivations de vengeance. Tim Burton va dans tous les sens et, au lieu d’exploiter ces intrigues, imagine des solutions des plus grotesques (des fantômes et des sors principalement) sans doute pour gagner du temps et aller à l’essentiel… Dommage.
Peu de suspens non plus dans ce Dark Shadows. L’intrigue s’installe vite et aucun rebondissement ne viendra troubler celle-ci. On se doute d’absolument tout et Dark Shadows ne devient ainsi jamais angoissant ou inquiétant. Pour un réalisateur comme Tim Burton on s’attendait à un minimum ! Une preuve que le réalisateur a changé son fusil d’épaules en devenant papa et en changeant par là même sa cible, aujourd’hui beaucoup plus enfantine.
Impossible de parler de Burton sans penser Depp et pour la huitième fois les deux hommes travaillent ensemble. Alors même s’il est indéniable que Johnny Depp ne travaille jamais mieux que sous la direction de Tim, leur collaboration commence un peu à prendre la poussière ! Johnny Depp fait du Johnny Depp et même s’il le fait très bien, ne fait aucun effort pour changer son jeu d’acteur. On pourrait sans doute faire un mash-up de Sweeney Todd, Willy Wonka, Le Chapelier Fou et Barnabas Collins et réaliser que Johnny Depp joue toujours de la même manière ! Une incapacité à se renouveler qui est d’autant plus accentuer par le fait que Depp accapare l’écran.
Il n’y en a, dans Dark Shadows, que pour Johnny Depp donc. Et c’est d’autant plus dommage quand on voit la richesse du casting ! Helena Bonham Carter, Chloe Moretz et Bella Heathcote sont carrément sous-exploitées et Eva Green ne sert qu’à jouer la femme fatale sexy au possible dans sa robe rouge à tomber. Il y avait là tellement à faire ! Seule Michelle Pfeiffer se tire la part du lion en interprétant une mère de famille, fidèle et forte. Un vrai bonheur de la retrouver chez Tim Burton 20 ans après Batman.
Alors malgré ses défauts, impossible de nier le bon moment passé devant Dark Shadows ! Un film rythmé par une BO du tonnerre qu’on appréciera pour son univers toujours aussi riche et son humour omniprésent. Et quoi qu’il arrive on ira voir Frankenweenie et on continuera à vénérer Tim, en espérant qu’un jour un de ses films nous mette KO comme au bon vieux temps.
M.