Cannes, Vendredi 25 mai

Nous y sommes enfin, le très attendu Cosmopolis va enfin être projeté. Du monde ce matin pour regarder la transformation de Pattinson en golden boy. David Cronenberg est-il toujours aussi fort ? La réponse est oui. Cosmopolis est-il une énorme claque ? Malheureusement non. Si Cosmopolis détonne par son univers et sa réflexion sur l’ennui dans un monde désabusé, il n’en reste pas moins très bavard et pas franchement passionnant. Et alors que l’on s’attendait à un film en mouvement très rythmé, on assiste à la chronique d’un jeune homme qui meurt d’ennui et ne sait plus comment s’occuper. Bizarre sensation de n’avoir pas vu le film que l’on attendait …

Au détour d’un couloir je tombe sur la sortie de la conférence de Presse du film. Des dizaines de personnes rassemblées autour des barrières hurlent des “Robert” papiers et stylos en main en espérant un autographe. Triste spectacle de la part de personnes accréditées et donc quelque part un peu professionnelles. Une jolie émeute se prépare lorsqu’une jeune femme enjambe les barrières pour retrouver Robert Pattinson dans l’ascenseur. Très vite maitrisée, je reste quand même songeuse face à cette folie.

Après la petite déception Cosmopolis je me retrouve assise dans le Grand Théâtre Lumière pour découvrir Dans la Brumen, film ukrainien en compétition présenté en séance unique à Cannes. Plus absorbée par la présence du jury que par l’équipe du film je ne sais pas trop ce que je vais voir. Au rythme très lent et avec un sujet pas tellement passionnant, il ne me faudra pas longtemps pour m’endormir. Je pense qu’à ce jour je peux décerner sans problèmes la palme de la meilleure sieste à Dans la Brume. Malheureusement pour vous je ne pourrais vous dire grand chose du film … J’espère qu’il ne figurera pas au Palmarès sinon j’aurais quelques regrets …

Ce soir c’est montée des marches à 22h ! Vite préparée et restaurée je me rends au palais espérant passer un bon moment en compagnie de Nicole Kidman et de Clive Owen pour Hemingway et Ghellorn. Alors que toute une salle n’a d’yeux que pour l’égérie mythique de Chanel, je suis consternée par la pauvreté et l’inutilité de ce téléfilm grotesque. Tout est mauvais, de la mise en scène très ” instagrammée ” aux jeux des acteurs en passant par l’histoire en elle-même. Et alors que l’audience clame des “Nicole, Nicole, Nicole” je n’arrive pas à comprendre pourquoi Thierry fremaux a choisi de présenter ce film même en hors-compétition. Seule consolation : voir passer l’équipe du film devant moi avec une Nicole Kidman qui semblait un peu stone…

Au lieu de mes 2H30 perdues devant ce très mauvais téléfilm à peine supportable j’aurais mieux fait de rattraper mes heures de sommeil pour être prête à affronter Mud demain matin. Tant pis.

Cannes, Samedi 26 mai

Ce matin c’est dodo. Ayant pu me procurer une place pour Mud à la séance de gala le soir j’en profite pour dormir, écrire et ranger un peu mes affaires. Enfin pas trop car à midi j’ai rendez-vous avec Im Sang-Soo pour l’ivresse de l’argent. Avant je fonce à la conférence de presse espérant apercevoir l’équipe de Mud. Très bon timing Jeff Nichols, Reese Witherspoon et Mathieu Mccaughney défileront devant moi. Et avec ce que j’ai entendu ce matin, Mud pourrait bien être la très bonne surprise de cette fin de festival.

L’ivresse de l’argent se révélera lui aussi une bonne surprise. Avec une mise en scène hypnotisante, des dialogues coupés au couteau et une histoire prenante, le nouveau film d’Im Sang Soo (réalisateur du génial The Housemaid) viendra donner un petit coup de folie dans ce festival. En sortant je tombe sur le jury. Un peu halluciné je n’ai pas le temps de demander à Ewan McGregor une photo avec lui alors que gentiment je le vois poser avec tous ceux qui le lui demande …

Après m’être difficilement changée dans ma voiture (oui les temps sont durs à Cannes…) je fonce faire cette dernière grosse montée des marches. Le tapis rouge est terriblement séduisant et le soleil de la partie. Dans la salle j’entame la conversation avec ma voisine américaine qui se révèlera scénariste en attente de la réponse d’Emmanuelle Béart pour un gros film français … Les acteurs débarquent dans la salle en compagnie de Jeff Nichols. Mud peut alors commencer.

Il aura donc fallu attendre qu’un gamin de 14 ans hurlent sa rage et son amour pour me faire avoir mes premiers vrais frissons du festival ! Comme Wes Anderson, Jeff Nichols nous montre que les enfants comprennent la vie mieux que leur parent et qu’ils sont bien plus matures que ce qu’on pourrait croire. Magnifique film, absolument envoutant grâce à la plus belle photo du festival qui vient terminer ce festival de la plus belle des manières. Les acteurs sont épatants (donnons un prix d’interprétation à Tye Sheridan !! ) et Mud se relève un doux mélange entre The Tree Of Life et Un Monde parfait. Un très beau moment de cinéma et sans aucun doute le film le plus plaisant que j’ai vu pendant ce festival !

Direction la Villa Swcheppes où après la remise du prix de la meilleure BO à Mark Snow pour Vous n’avez encore rien vu, j’assiste à un concert d’ Armand Fleurent Didier. Pas le temps de rester jusqu’à la fin mais sympathique moment en compagnie du chanteur français aux textes aiguisés.

Oui car il faut maintenant partir au Palais pour assister à minuit à la projection de Maniac. Entre bloggeurs nous montons ces marches pour la dernière fois (sauf si surprise ce soir …) dans une ambiance survoltée. Dans la salle même ambiance et même si nous ne serons au final que 1000, la ferveur est présente ! Applaudissements, sifflets, c’est la fête dans le Grand Théâtre Lumière à l’origine si sage. La salle se videra au fur et à mesure toutefois. Que dire de Maniac à part qu’à force de fermer les yeux pour éviter le gore j’ai fini par m’endormir …

Dernière soirée à Cannes et derniers pronostics entre nous. Si Holy Motors est le coup de cœur global on se dispute sur les autres prix. Réponse demain soir en espérant que le jury ne parte pas trop en cacahouètes …

M.

 

Author

Cinéphile aux lacunes exemplaires, mon coeur bat aussi pour la musique, les chaussures léopard et les romans de Bret Easton Ellis. Maman de 2muchponey.com, niçoise d'origine, parisienne de coeur, je nage en eaux troubles avec la rage de l’ère moderne et la poésie fragile d'un autre temps. Si tu me parles de Jacques Demy je pourrais bien t'épouser.

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