Triste journée que ce lundi. Hier soir s’est terminé le 65ème Festival de Cannes et avec lui les vacances. Retour à la réalité donc après 12 jours de pur bonheur. Dernier article sur cet événement histoire de faire le bilan en espérant que vous avez aimé suivre nos folles aventures.
Hier a été dévoilé le palmarès de cette 65ème édition et avec lui nos espoirs sont tombés à l’eau. Bon, pour la Palme D’or on était d’accord mais à côté de ça : horreur, surprise et hallucination au fur et à mesure que Nanni Moretti dévoilait ses gagnants. Première blague le Prix du jury pour Ken Loach. Alors bien sur, sa Part des anges n’était pas un mauvais film et plutôt plaisant à regarder mais de là à lui décerner un prix … Et puis un Prix du Jury ne devrait-il pas être destiné à encourager un jeune cinéaste ? Dans cette case on aurait tellement vu Wes Anderson ou Jeff Nichols qui nous ont chacun à leur manière complétement séduit lors de ce festival.
On passera sur les prix pour Au-delà des collines (Double prix d’interprétation féminine et prix du scénario) puisque nous ne l’avons pas vu même si on aurait bien vu notre Cotillard nationale l’emporter.
La première grosse blague du palmarès est la victoire de Carlos Reygadas pour la mise en scène de Post Tenebras Lux. Pire film vu en sélection on se demande bien ce que le jury a bien pu fumer pour y voir la plus belle mise en scène. On a eu mal aux yeux, on a souffert, on a cligné des yeux plusieurs fois avant de comprendre que le flou était voulu, et on a surtout absolument rien compris ni à l’histoire ni aux intentions du mexicain. Il faudra nous expliquer comment ce film peut succéder à Drive alors qu’en face il y avait un Vous n’avez encore rien vu très inspiré et un Holy Motors petit bijoux d’ingéniosité.
Puisque Amour se dessinait en Palme D’or on savait bien qu’il faudrait trouver quelqu’un d’autre en interprète masculin. Le choix de Mads Mikkelsen est alors assez logique tant l’acteur danois est poignant dans le très moyen La Chasse.
L’autre blague de la soirée sera pour un Grand Prix à Reality. Bien qu’intéressant dans son sujet, Matteo Garrone se plante complètement et livre un film insignifiant et très décevant. Là où Audiard et son De Rouille et D’os était prédestiné on est quand même un peu sous le choc quand Nanni Moretti annonce Reality en Grand Prix. Bizarrement on se dit que la solidarité italienne a du aider en ce sens …Et au delà de cette surprise c’est l’incompréhension quant à l’absence totale de français au Palmarès. Ni Léos Carrax ni Alain Resnais ne figurent au palmarès. Très étrange en effet quand on voit les risques et la modernité de ces deux très beaux films. Ni non plus d’Audiard pourtant très juste dans de Rouille et D’os, peut être trop parfait, trop maitrisé et trop “Grand public” pour Cannes … Incompréhension et déception donc vis à vis de ce palmarès.
A Palmarès fade, cérémonie de clôture bien en deçà de l’édition 2011. Hier soir le cinéma ne semblait pas être à la fête et la pluie dehors a contaminé l’intérieur du palais. Des remettants pas très prestigieux (Audrey Tautou pour remettre la palme après Jane Fonda l’an dernier seriously ?) des discours de remerciement encore très contenus et une joie de vivre pas vraiment présente nous auront laissé bien de marbre. Ou sont les pas de danse de Dujardin fou de bonheur après son prix d’interprétation, les larmes de Maïween ou l’émotion contagieuse de Kirsten Dunst ? Étrange sensation que la crise mondiale s’est enfin immiscée à Cannes …
Alors que retenir de ce Festival ? Première fois qu’on le vivait entièrement et quand même une immense fierté d’en avoir fait partie. Et même si la sélection était bien fade, on a quand même passé un très bon moment à Cannes. On a vu de très belles choses (De Rouille et D’os, Amour, Mud, Laurence Anyways) on a été déçu (Killing Them Softly, Sur la Route, Cosmopolis) ou épaté par tant de folie (Holy Motors, Vous n’avez encore rien vu, le Grand Soir). On a aussi été révolté par la présence de certains films en compétition (The Paperboy, Post Tenebras Lux, Confessions d’un enfant du sièble) et on a parfois fait de jolies siestes (Dans la Brume). On a ri (un peu), pleuré (une fois), été subjugué, ébloui ou déboussolé, surpris et parfois révolté devant les 29 films vus en 12 jours. On a souvent pesté contre la durée de vie d’une batterie d’iPhone, attendu des heures pour voir des films et oublié de manger. On a peu dormi, rit beaucoup et surtout rencontré des dizaines de gens partageant la même passion. On a croisé le jury, approché des célébrités et rêvé surtout à une carrière dans le cinéma … En tant que journaliste ou en tant que professionnel le rendez-vous est pris pour 2013 en espérant que cette fois la sélection sera à la hauteur de l’expérience vécue!