Sur la piste du Marsupilami

Après le désormais culte Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Alain Chabat remet le couvert et décide d’adapter la BD de Franquin. Aussi bête et assumé que ses précédents films, Sur la piste du Marsupilami s’annonce déjà grand. Monsieur Chabat, tu nous avais sacrément manqué !

Quand Dan Geraldo, reporter en quête de scoop, arrive en Palombie, il ne se doute pas qu’il va faire la plus incroyable des découvertes… Avec Pablito, guide local plein de ressources, ils vont aller de surprise en surprise au cours d’une aventure trépidante et surtout révéler une nouvelle extraordinaire : Le Marsupilami, animal mythique et facétieux, existe vraiment !!!

L’idée d’un film sur le Marsupilami existe depuis longtemps dans l’esprit d’Alain Chabat. Travaillant son scénario depuis 2005, il est passionné depuis son enfance par les bandes dessinées d’André Franquin, qui marquèrent les premières apparitions du mystérieux marsupial en 1951. Cependant, bien que l’œuvre de ce grand monsieur de la BD soit la base de cette adaptation, les personnages et l’intrigue sont des purs produits de l’imagination d’Alain Chabat !

A la vue de la bande-annonce on avait eu très peur. Un décor trop coloré, des personnages trop caricaturaux et un casting assez bancal ne nous avaient pas vraiment convaincus et nous avaient fait même craindre le pire. Puis on se dit que l’immense génie Alain Chabat est derrière tout ça et que ça ne peut pas être si mauvais !

Et on a eu raison d’y croire : il ne faut pas plus d’une demi-heure pour nous voir rassuré ! Alain Chabat n’a rien perdu de son talent et c’est une excellente nouvelle. Son humour, son second degrés et sa bêtise presque innée n’ont pas pris une ride ! Quel plaisir de le retrouver en haut de l’affiche et à l’écran dans la grande majorité des scènes. On revoit Serge Karamazov (aucun lien, fils unique) et l’ombre des Nuls plane comme par enchantement durant les presque 2heures que durent le film. Alors forcément, c’est con, très con même. Les blagues volent bas mais certaines répliques sonnent déjà cultes. On pense au “Ma grand-mère était la femme de ménage d’Hitler, alors niveau truc pas cool … ” ou à la géniale prophétie sur la fin du monde dans laquelle tous les Hommes porteraient leur pull sur leurs épaules. Il faut s’appeler Alain Chabat pour avoir ce genre d’idées aussi loufoques que géniales! D’ailleurs Alain Chabat c’est tellement ça : un humour au ras des pâquerettes, des délires des plus idiots mais tellement assumés qu’ils en deviennent géniaux !

Alain Chabat choisit comme correspondant local Jamel Debouze qui, dans le Marsupilami, est aussi agréable que dans Mission Cléopatre. Pourtant, même si Jamel a son lot de sketches, force est de constater que Sur la piste du Marsupilami est un festival Chabat ! A côté le reste du casting, bien que plaisant au final, est un peu fade. Enfin tous, pas exactement, car Lambert Wilson (oui oui vous avez bien lu!) est une attraction à lui tout seul. On ne vous dévoilera pas son secret mais on peut déjà vous dire qu’il a une scène principale où il vous étonnera à jamais !

En plus d’être un film totalement réussi côté divertissement, Alain Chabat fait honneur à Franquin en reproduisant très brillamment l’esprit de sa BD. L’innocence, le côté très joyeux et presque naïf des albums de Franquin sont retransmis avec beaucoup d’humilité et de respect. En grand fan de la BD, on voit qu’ Alain Chabat a sans cesse veillé à ne pas dépasser certaines limites et à restituer les ambiances, les couleurs, les us et coutumes ainsi que les non-dits véhiculés dans les planches dessinées par Franquin. Ainsi dans le Marsupilami, aucun gros mot n’est prononcé, il n’est jamais non plus question de sexe, et on ne trouve ni sang, ni morts. Pourtant, Alin Chabat, désireux d’insuffler au film un côté sexy et moderne, n’hésite pas à user d’astuces en tout genre permettant de concilier avec brio respect du ton de la BD et touche Chabat remise à la sauce 2012. Les fans de Franquin apprécieront et les autres aussi !

Là où on attendait Chabat au tournant, c’était dans sa conception et représentation du Marsupilami. Animal mystique et merveilleux “qui n’existe”, crée de toute pièce par Franquin et qui ne s’était jusqu’alors jamais retrouvé sur grand écran, la mission était de taille ! Alain Chabat s’amuse un peu et ne dévoile que partiellement le gentil et malin animal jaune à taches noires. On voit une queue, un museau, une ombre, pendant une bonne demi-heure, puis le voilà en chair et en os (presque!) devant nos yeux émerveillés ! L’évidence est là. Mignon au possible, malin, espiègle, il prend vie de la plus belle des manières et rend un sublime hommage à Franquin. On a pas de mal à imaginer quelle sera la nouvelle peluche qui fera fureur chez les plus petits dans les mois à venir …

Vous l’aurez compris, Sur la piste du Marsupilami est une pure réjouissance. Alain Chabat est un génie et nous le prouve une fois encore. Un film qui rend, de la plus belle des manières, hommage à Franquin et qui vous donnera envie de croire que le Marsupilami “n’existe” !

M.