Encensé ou détesté par la critique, on ne savait finalement plus trop quoi en penser. Finalement, La Couleur des sentiments s’en tire haut la main et donne au livre homonyme une adaptation fidèle et pleine de fraicheur.

Dans la petite ville de Jackson, Mississippi, durant les années 60, trois femmes que tout devait opposer vont nouer une incroyable amitié. Elles sont liées par un projet secret qui les met toutes en danger, l’écriture d’un livre qui remet en cause les conventions sociales les plus sensibles de leur époque. De cette alliance improbable va naître une solidarité extraordinaire. À travers leur engagement, chacune va trouver le courage de bouleverser l’ordre établi, et d’affronter tous les habitants de la ville qui refusent le vent du changement…

Sorti en salle en Octobre, La Couleur des sentiments, n’avait pas eu en salle le succès escompté. Pourtant un film grand public, signé Disney, adapté d’un best-seller, avec en tête d’affiche les deux actrices révélations de 2011, aurait du marquer plus de points.

La Couleur des sentiments nous plonge dans l’Amérique des années 60. Dans une ville du Mississipi où les noirs ne sont pas vraiment considérés comme des êtres humains à part entière et où les riches blancs se délectent de cette situation. Une Amérique qui commence à entendre les propos d’un certain Martin Luther King et qui se soulève petit à petit contre les discriminations raciales. C’est dans ce contexte historique que La Couleur des Sentiments prend tout son intérêt, dans sa façon de montrer une Amérique pas vraiment tendre et pas vraiment enviable pour changer. La Couleur des sentiments nous raconte un nouveau point de vue, celui des bonnes, employées pour une poignée de dollars et traitées sans ménagement par leurs employés. Incontestablement un film de femmes, La Couleur des sentiments fait le pari audacieux de relayer au second plan tous les personnages masculins. Les maris sont absents, les pères fantomatiques et les romances presque oubliées. Ici, on se concentre sur les femmes, noires ou blanches, employées ou servantes. Et les liens qui se crées (ou se brisent) entre elles donnent au film un rythme très plaisant, si bien que les 2h20 passent très bien.

Là où on attendait le film au tournant c’est du côté des clichés. Et presque miraculeusement Tate Taylor ne tombe pas dans le piège et livre un film plein de fraicheur et de bons sentiments. Les blancs ne passent pas pour des méchants sans cœur et les noires ne passent pas non plus pour des saintes qui n’ont rien à se reprocher. Un bel équilibre qui permet à La Couleur des Sentiments de dresser un portrait juste et assez profond de toutes ces femmes. De la fraicheur oui mais qui n’oublie pas de creuser les relations entre les protagonistes et d’explorer plus en détail l’ambivalence des sentiments de chacune d’elle. Les relations mères-filles, femmes-époux ou encore employées-servantes sont très bien exploitées et donne à La Couleur des Sentiments beaucoup de consistance.

Autre peur : une utilisation débordante du pathos. Là encore, Tate Taylor surprend et n’a jamais recours au pathos, pourtant si cher aux réalisateurs américains. Pas une fois, il essaye de nous tirer les larmes. Jamais nous n’avons pitié. Ni de ces femmes proches de l’esclavagisme, ni de celles qui rencontrent des difficultés dans leur vie. Et même si on se prend d’affection pour la majorité des femmes de Jackson, La Couleur des Sentiments n’est jamais triste même quand il est question de fausses-couches ou de cancer. La vie prime sur le reste quoi qu’il arrive et La Couleur des Sentiments ressort comme un film profondément optimiste à la limite du Feel Good Movie.

Une telle histoire n’aurait pas été la même sans un casting cinq étoiles. Tous les rôles sont travaillés et exploités de façon très intéressante qu’ils soient fondamentaux ou secondaires. Emma Stone (Crazy Stupid Love) et Jessica Chastain (The Tree Of Life, Take Shelter) prouvent qu’elles sont incontestablement les actrices de 2011 et peuvent tout jouer. Toutes les « bonnes » sont une véritable bénédiction à commencer par Viola Davis et Octavia Spencer. Quant aux rôles secondaires, les mères sont génialement interprétées à l’instar d’Allison Janney et de l’immense Sissy Spacek.

Alors bien sur on comprend que certains trouvent à la Couleur des Sentiments de gros défauts, notamment sur sa convenance, sa superficialité et son côté très « américain » mais dans l’ensemble le tout fonctionne très bien. On s’en souviendra peut-être plus dans deux ans mais il nous aura fait passer un agréable moment.

Côté bonus, là on est un peu déçu. Si la qualité de l’image et du son est excellente il en est loin d’être le cas pour la richesse des bonus … Seulement deux scènes coupées (pas inintéressantes cependant) et le clip « The Living Proof » chanté par Mary J.Blige viennent composer les bonus. Dommage de ne pas avoir plus de choses à se mettre sous la dent …

La Couleur des Sentiments n’est pas un film indispensable ni même inoubliable mais en 2h20 il vous fera passer un très bon moment et vous fera réfléchir quelque peu  sur la nature humaine et sur le racisme qui sommeille en chacun de nous. Une belle leçon de courage et d’optimisme.

En DVD et Blu-Ray le 29 Février 2012 © 2012 DREAMWORKS II DISTRIBUTION CO., LLC.

Merci à Cinetrafic pour ce test. Découvrez plein d’autres films sur Cinetrafic dans des catégories aussi variées que Film 2011 ou celle consacrée par exemple, au Film de guerre.

M.

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