Quand le scénariste de l’Armée des Ombres s’entoure d’un casting impressionnant (Ellen Page, Liv Tyler, Kevin Bacon …) on s’attend à la lecture du pitch à un nouveau Kick-Ass. Malheureusement il ne faudra que quelques minutes pour se rendre compte qu’on est loin très loin d’un film… super !

Frank (Rainn Wilson), un homme banal, verra sa vie basculer lorsque sa femme, Sarah (Liv Tyler), une ancienne toxicomane, le quittera pour aller dans les bras de Jacques (Kevin Bacon), un baron de la drogue. Bien décidé à ramener l’ordre et récupérer sa femme, il se transformera en Crimson Bolt, un super-héros sans super-pouvoirs, mais plein de bonnes intentions.

Avec son budget plus que restreint ( 2,5 millions de dollars) et son casting des plus alléchants, Super avait réussi à créer un mini-buzz sur la toile. Malheureusement, s’il se rapproche dans l’idée des très bons Kick-Ass et The Green Hornet, la comparaison s’arrêtera là.

Si l’idée de départ est intéressante, Super perd tout son intérêt passé le premier quart d’heure. Alors qu’on aime l’idée qu’un homme soit prêt à tout pour récupérer la femme qu’il aime, on aime beaucoup moins l’ultra-violence qui accompagne chacune des étapes de son évolution. D’un héros looser  au possible on passe à un psychopathe qui n’hésite pas à défoncer le crane d’un homme parce qu’il n’a pas fait la queue au cinéma… Côté acolyte on fait guerre mieux. Alors qu’on attendait avec impatience l’arrivée de la jolie Ellen Page on est vite déçu du résultat. Alors que son mentor est violent et pas très malin, elle ne vaut guerre mieux en obsédé psychopathe qui prend un plaisir monstre à chaque goute de sang versée.

Passée cette galerie de personnage sans intérêts on va vite se rendre compte qu’il en est de même pour l’ensemble du film. Sans jamais faire rire, Super se noie dans sa superficialité et son ambivalence. Pendant 1h36 on ne parvient pas à comprendre les intentions de l’auteur. Cherche t-il à faire rire ? à émouvoir ? ou simplement à choquer ? Cette indécision est très pénible et ne nous permet jamais de bien entrer dans le film. Dommage.

Malgré sa courte durée on peine à rester éveiller. Seul le dernier quart d’heure nous sortira de notre torpeur pour mieux nous y replonger à la toute fin : la pseudo morale de Super est absolument indigeste et nous fait nous demander encore ce qu’à voulu dire James Gunn.

Côté esthétique là aussi on frôle le catastrophe. Si on avait aimé la prise de risque esthétique de Scott Pilgrim on est plus que consterné par son usage abusif dans Super qui rend le film esthétiquement très vilain et nous pousse à le considérer comme une pâle copie de films du genre déjà réalisés. Super n’invente rien et se contente de copier mais en gardant à chaque fois les mauvais côtés des uns et des autres.

Du côté des Bonus on ne peut que saluer la belle édition DVD. Un reportage sur les coulisses du tournage, des interviews viennent donner du relief à ce petit film.

M.

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2 Comments

  1. Ce qui est énervant c’est cette mode de surfer… sur la mode !
    On s’est tapé je ne sais combien de films d’heroic fantasy, de péplums, d’adaptation de séries, d’adaptations de comics, des fois un peu de tout ça… En ce moment ce qui roule c’est les supers héros de seconde zone ; ben forcément on sature !
    Je n’ai pas vu le film en question, mais peut être qu’à une autre période vous l’auriez apprécié ?
    PS : et Kick Ass, il n’est pas si bien que ça au final !

  2. Crimson Bolt Reply

    Je crois que vous êtes passés à côté du film : “Pendant 1h36 on ne parvient pas à comprendre les intentions de l’auteur”. L’histoire en elle-même importe peu. Peut-être en renonçant à trouver un message à tout bout de champ et en revisionnant le film avec une bouffée de second degré, d’humour noir et d’auto-dérision, ça passera mieux. Sans pour autant débrancher son cerveau, comme ce genre de films semble l’impliciter. Super est excellent, mordant, avec des personnages en réalité sombres et inquiétants, cristallisation des vices d’une société incarnée dans l’individu lambda, minable, le cuistot au coin de la rue, la gérante du comics store. La tendance film de super-héros-looser a certes engendré des redites, mais ici elle est le support parfait pour la peinture d’une Amérique paumée, rongée par l’ennui et l’impuissance des individus. Regardez les personnages : sans le costume de Crimson Bolt, c’est un véritable drame; deux fous solitaires qui dans un simulacre de justice, cherchent à sauver une toxicomane. Donc oui l’ambiance est plutôt malsaine, mais c’est une réalité crue. Le grand mérite du film est de traduire cela de la manière la plus instinctive, terre à terre qui soit, mais il contient une morale beaucoup plus profonde et réfléchie que beaucoup de films de super-héros, de seconde zone ou de facture classique, qui se contentent très souvent de survoler les thèmes récurrents de la responsabilité ou de la justice.

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