Sorti en 1971, Deep End est le 6ème film de Jerzy Skolimowski (Essential Killing). Ressorti sur nos écrans le 13 Juillet 2011, Deep End sortira le 28 Novembre en DVD et Blu-Ray chez Carlotta. Film sexy, drôle et désespéré, Deep End est une œuvre singulière au charme fou.

Mike vient de quitter le collège et trouve un emploi dans un établissement de bains londonien.  Susan, son homologue féminin, lui explique comment se faire des pourboires consistants. Un peu naïf, le garçon refuse de “charmer” ses clientes pour de l’argent. Mais très vite il se rend compte que Susan n’est pas simple employée des bains et vend ses charmes pour arrondir ses fins de mois. En pleine adolescence, Mike va tomber amoureux de Susan et son coup de foudre va très vite tourner en obsession. Une obsession qui peut vite s’avérer inquiétante et dangereuse…

Jerzy Skolimowski signe avec Deep End une oeuvre personnelle, magnifique et grandiose sur l’adolescence et les premiers émois.  Pour camper cet adolescent aussi attachant qu’inquiétant le réalisateur polonais choisit John Moulder-Brown qui joue ici une partition parfaite. D’une beauté fulgurante, ce petit prince interprète un adolescent en proie à ses fantasmes mais plein de principes plus vrai que nature. Candide, innocent, John Moulder Brown crève l’écran derrière ses grands yeux clairs. Un rôle pourtant loin d’être évident tant la barrière entre adolescent amoureux touchant et adolescent tourmenté et obsédé est mince.

Le film suit son évolution dans une atmosphère des plus originale. Une descente aux enfers terriblement sexy mais pourtant si inquiétante. Mike est un garçon de 15 ans qui travaille avec une jeune femme rousse sublime (Jane Asher). Très vite la complicité entre les deux protagonistes va se transformer en jeu de séduction. Si Susan ne fait que jouer une fois encore, pour Mike cette histoire devient le centre de sa vie. Deep End est en réalité une plongée dans les tourments de l’adolescence, là où tous les évènements sont quintuplés et chaque réaction exagérée. Là où les fantasmes sont toujours présents. Mike est complètement dépassé par la situation. Lui, d’apparence si sage, va être confronté à un sentiment qu’il ne connait pas : le désir. Très vite amoureux fou, il va perdre complètement les pédales et emprunter un chemin qui ne le mènera nul part, persuadé qu’il peut “sauver” sa douce de ses conquêtes décevantes. D’abord touchée par les sentiments du jeune homme, Susan va se rendre compte de la folie obsessionnelle de Mike… Deep End met en lumière une période de la vie d’un jeune homme d’une manière extrêmement cru et violente. Une mise en lumière à l’image de son personnage principal : fantasmée, complexe, exagérée et romancée.

Le climat du film est terriblement déroutant. Outre les deux personnages, chacun perdu à sa manière, Deep End évolue dans des décors atypiques. Ces bains à la fois glauques et rassurants, ces territoires enneigés ou ces rues londoniennes sinistres, donnent à Deep End une ambiance aussi fascinante qu’inquiétante. On ne sait pas trop à quelle époque l’histoire se déroule ni où se situent ces imposants bains. D’un autre côté, les couleurs sonnent très POP, voire crillardes, à l’instar de la chevelure de Susan, plus rousse que de raison. Un véritable choc esthétique.

Autre choc : l’intemporalité du film. Tourné dans les années 60, il est fascinant de voir que le film n’a pas vraiment vieilli et qu’il bénéficie d’une fraîcheur incroyable ! Une fraîcheur et une simplicité qui s’expliquent par la spontanéité de Jerzy Skolimowski qui n’a pratiquement écris aucun dialogue et organisé aucune répétition. L’alchimie entre John Moulder Brown et Jane Asher fonctionne à merveille. Deep End n’en ressort que plus vivant. Et cette vivacité s’expliquant surtout par une qualité d’image et de son à couper le souffle.

Petit bijoux d’originalité, Deep End a tout d’un film mythique. Des acteurs qui crèvent l’écran (on apprendra plus tard que Jane Asher n’est autre que la petite amie de Paul McCartney), un voisin célèbre lors de l’écriture du scénario (Jimi Hendrix vivait à côté du réalisateur) et une BO composée par l’un des plus grand chanteur du siècle : Cat Stevens!

Côté Bonus, on peut dire que Carlotta a fait les choses en grand comme à son habitude. Un documentaire d’un très grand intérêt sur les origines du film, un retour sur les scènes coupées, un hommage d’Etienne Daho et un court métrage exclusif apportent à Deep End une meilleure compréhension.

Alors pourquoi cette révolution esthétique n’est pas entrée au panthéon des films cultes, c’est une chose que nous ne pourrons expliquer. Peut-être le film est-il un poil trop “osé” pour l’époque ou trop bordeline, peut être parce que les deux héros n’ont rien fait depuis, ou peut-être parce que le film est bien trop original et dérangeant, on ne saurait dire. En tout cas, on espère bien que sa sortie en DVD/Blu-Ray le 28 novembre prochain donnera à Deep End une nouvelle chance.

M.

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