On croyait avoir pris notre plus grosse claque à la vue de Fighter, voilà que Warrior nous met KO et nous prouve que les histoires de combats de boxe fraternels fonctionnent à merveille !
Ancien Marine brisé, Tommy Conlon rentre au pays et demande à son père de le préparer pour un tournoi d’arts martiaux mixtes qui lui permettrait de gagner une fortune. Personne ne sait ce qu’il espère faire de cet argent. Le propre frère de Tommy, Brendan, décide lui aussi de s’engager dans la compétition pour essayer de sauver sa famille. Entre les deux frères, les années n’ont pas adouci les rancœurs.
Immanquablement, les routes de Tommy et de Brendan vont bientôt se croiser. Au-delà de l’affrontement qui s’annonce, pour chacun, quelle que soit la cause qu’ils défendent, il n’est pas seulement question de remporter un prix, mais de mener le combat d’une vie…
Force est de constater que les films de boxe ont le vent en poupe. Après la sensation Fighter en début d’année, voilà que deux frères ennemis rechaussent les gants et remontent sur le ring. Et là on se dit que c’est pas possible, qu’on ne peut pas ressentir la même chose à propos d’un film de boxe à chaque fois ! Et bien si ! Car si Fighter nous avait pris aux tripes notamment au travers de la descente aux enfers d’un Christian Bale métamorphosé, Warrior nous en remet une couche et va encore plus loin dans l’amour-haineux qui caractérise souvent deux frères. Oui Warrior c’est avant tout une histoire de frères ennemis encore plus cruelle et plus arnieuse que celle qui unissait Micky et Dicky. Tom Hardy et Joel Edgerton sont impeccables en Cain et Abel. L’un prêt à tout pour sauver sa famille et sa maison, l’autre prêt à tout pour oublier les horreurs de la Guerre. Fâchés et rancuniers ils ont un combat pour régler leurs différents. Et quand deux frères se livrent un combat presque mortel on atteint des sommets en terme d’intensité et d’émotion.
Warrior se concentre surtout sur les combats. Alors que Fighter faisait la pare belle aux contextes familiaux et à la vie quotidienne de ses protagonistes, Warrior se construit autour d’un tournoi d’Arts martiaux Mixes aussi impressionnant que surréaliste. Warrior ne tourne pas autour du pot et se concentre sur son sujet : la boxe et plus particulièrement l’AMA, un drôle de sport réunissant lute, boxe, karaté et catch où tous les coups sont permis. Les combats sont spectaculaires et le côté film d’action de Warrior n’en sort que grandit. On ne sait pas vraiment pourquoi les frères sont si froids l’un envers l’autre, ni pourquoi le père fait office de diable pour l’un… et c’est tant mieux. Chaque coup porté, chaque dent cassée, chaque KO, raisonnent en nous avec d’autant plus de force d’autant plus d’impacts. On est comme sous le choc, sonné pendant toute la durée du film. Et comme à la fin d’un Round, pas le temps de souffler, de boire une gorgée, qu’on y retourne déjà. Prenant.
L’envi de s’en sortir, la fureur de vivre de chacun des deux frères, la rage qui s’en ressort est magnifique. Si bien qu’on a envi de les imiter, de prendre la vie à bras le corps, de donner des coups partout, de tout casser et de se battre jusqu’à ce que les choses se remettent enfin en place.
Là où Warrior surpasse Fighter c’est dans sa capacité à montrer deux frères qui ne se pardonnent pas et qui sont prêts à aller jusqu’au bout pour imposer à l’autre ses choix. Alors que dans Fighter les frères devaient s’entendre pour vaincre ensemble, ici il n’en est rien et les frères resteront ennemis presque jusqu’au bout. Et quels frères ! Gavin O’Connor parvient à réunir ce qui se fait de mieux actuellement à Hollywood j’ai nommé Joel Edgerton et Tom Hardy, deux acteurs charismatiques à gueule comme on en avait pas vu depuis longtemps. Il semble que la mode des acteurs métrosexuels soit passée et qu’on soit à nouveau à la recherche de mâles, de vrais.
Si on apprécie Warrior dans son ensemble et qu’on se laisse facilement prendre au jeu, on a cependant un peu de mal à rester de marbre face à ce patriotisme américain exacerbant que le réalisateur a voulu imposer. Pour quoi diantre, le bad boy de la famille devait-il être un ancien marines héroïque soutenu à chaque combat par un corps de l’armée chantant à l’unisson… Et pourquoi l’autre frère, le gentil, devait-il être un très bon professeur de lycée, obligé de participer à des combats pour empêcher le méchant banquier de prendre sa maison… Too much.
Quoi qu’il en soit Warrior est un excellent film, incroyable de véracité et implacable dans ses propos. Un film qui vous mettra KO en une fraction de secondes et vous laissera des bleus longtemps après le générique de fin. Un des meilleurs film de 2011.
M.