Avec un casting 5 étoiles, on aurait eu bien des regrets si la nouvelle comédie de John Requa et Glenn Ficarra ( I Love You Philipp Moris) s’était honteusement plantée ! Fort heureusement il n’en est rien et Crazy Stupid Love s’affiche comme la meilleure comédie américaine de l’année.

A tout juste quarante ans, Cal Weaver mène une vie de rêve – bonne situation, belle maison, enfants formidables et mariage parfait avec sa petite amie du lycée. Mais lorsqu’il apprend que sa femme, Emily, le trompe et demande le divorce, sa vie « parfaite » s’écroule. Pire, dans le monde des célibataires d’aujourd’hui, Cal, qui n’a plus dragué depuis des lustres, se révèle un modèle d’anti séduction. Passant désormais ses soirées à bouder tout seul au bar du coin, l’infortuné Cal est pris en main comme complice et protégé d’un séduisant trentenaire, Jacob Palmer. Pour l’aider à oublier sa femme et à commencer une nouvelle vie, Jacob tente de faire découvrir à Cal les nombreuses perspectives qui s’offrent à lui : femmes en quête d’aventures, soirées arrosées entre copains et un chic supérieur à la moyenne.
Cal et Emily ne sont pas les seuls en quête d’amour: le fils de Cal, Robbie, 13 ans, est fou de sa babysitter de 17 ans, Jessica, laquelle a jeté son dévolu… sur Cal ! Et en dépit de la transformation de Cal et de ses nombreuses nouvelles conquêtes, la seule chose qu’il ne peut changer reste son coeur, qui semble toujours le ramener à son point de départ.

A l’allure à laquelle les comédies américaines passent et trépassent sur nos écrans, on avait peur, très peur de voir un énième film plein de bonnes idées se casser la figure au bout de quelques minutes pour finalement s’avérer être complètement indigeste. Et cela d’autant plus quand le casting est vendeur à en croire le limite potable Comment tuer son boss ? Alors quand on voit sur la même affiche, l’inimitable Steve Carrel, la sublime Julian Moore et surtout les deux révélations de l’année à savoir Emma Stone et surtout Ryan Gosling on se dit que Crazy Stupid Love jouait gros, très gros. Et dès les premières minutes nous voilà rassurés. Le film s’apparente plutôt à une sorte d’American Beauty coupé à l’eau de rose que comme une autre comédie romantique souvent ratée et loin d’être un chef d’œuvre ! Crazy Stupid Love c’est avant tout l’histoire d’une famille prête à imploser. Une comédie de meurs douce-amère dans laquelle l’épouse, la mère, se rend compte que sa vie ne ressemble plus à ce à quoi elle aspirait. Crise de la quarantaine ou véritable remise en question sur sa vie et son couple, Emily va pousser Cal dans ses retranchements pour, sans trop le savoir, le forcer à réagir. Il y a dans Crazy Stupid Love, une tendresse folle qui se construit autour des deux parents et plus particulièrement autour de Cal. Steve Carrel signe une interprétation très touchante d’un rôle qui en plus lui colle à la peau. Un quarantenaire à côté de la plaque, bien installé dans la vie, marié à son amour de jeunesse et père de famille, qui s’occupe bien de son jardin. Pourtant, il en oublie que porter des New Balence n’est plus à la mode depuis… toujours. Il y autant de ce personnage une extrême sensibilité, une extrême gentillesse, qui rompt avec les codes qui font que les maris, passé un certain âge sont trompeurs, peu attentionnés et coureurs de jupons… Cette fois la faute est sur l’épouse ou presque. Enfin !

Crazy Stupid Love en plus d’être une comédie particulièrement attachante est terriblement drôle. D’abord par un comique de situation extrêmement réjouissant qui va de la maitresse rancunière à un chrush d’adolescente pour un homme plus âgé, au jeune adolescent amoureux de sa baby-sitter. Et surtout, par des répliques coupées au couteau qui font rire sinon sourire tant elles sont géniales. On retiendra le « Tu vaux mieux que Gap » prononcé par un Ryan Gosling au top de sa beau-gosse attitude. L’humour très sanglant du film est fantastique, du collègue de bureau heureux de voir que Cal va juste divorcer alors qu’il pensait qu’il était atteint d’un cancer, du « meilleur ami » obligé de couper les ponts avec Cal pour ne pas contrarier sa femme, de la femme déçue qui va voir Twilight seule en cachette et qui s’effondre car le film était nul, ou du petit copain ennuyeux fêtant tous ses événements dans un fast-food minable… John Requa et Glenn Ficarra signent un portrait inquiétant de l’Amérique d’aujourd’hui et de l’américain moyen.
Le film parvient avec brio à mélanger pure comédie réjouissante et drame conjugal. Tour à tour, on rit, on compatit, on plain, on s’interroge et on espère pour ce petit monde. On voudrait que tous finissent par trouver l’amour et voir leurs attentes se concrétiser enfin. Un joyeux bordel qui fait plaisir à voir et qui nous fait oublier les minables films chorales à la Valentine’s Day ou Ce que Pensent les Hommes.

Plus sexy, plus intelligent et plus cinglant, Crazy Stupid Love surpasse la concurrence annuelle haut la main et a le mérite de nous montrer un autre visage de l’Amérique, là où tout n’est pas rose et là où il est aussi dur qu’ailleurs de vieillir.

M.

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