Premier film de l’inimitable Alejandro Gonzalès Inarritu et première claque! Encore des destins qui se croisent et se brisent, encore des Hommes en perdition et encore des histoires d”amour pas vraiment tendres…
Mexico. Octavio, un adolescent se lance dans les combats de chiens pour se faire un peu d’argent. Voyant que son chien gagne tous ses combats, il enchaîne les victoires et commence à accumuler un petit pactole. Il n’a qu’une chose en tête: Fuir cette ville en compagnie de la femme de son violent de frère. Daniel quitte femme et enfants pour partir vivre avec sa maîtresse, une magnifique mannequin égérie d’une marque de parfum. El Chivo, est un ex-guerillero communiste errant dans la rue avec ses chiens. Homme désabusé, il survit en tuant des gens pour le compte d’hommes d’affaire importants. Un tragique accident de voiture va réunir ces trois destins.
Alejandro Gonzalès Inarritu livre un film choc, poignant et d’une violence rare. Il décide de filmer le quotidien de trois personnes, trois hommes, que tout oppose. Pauvres ou riches, Inarritu nous montre que personne ne peut échapper à son destin et que le malheur peut frapper à la porte de n’importe qui. Chez Inarritu l’argent est au centre de toutes les préoccupations mais ne résout pas toujours les problèmes. Au contraire il en crée d’avantage et ne fait pas vraiment le bonheur…
Dans Amours Chiennes, Inarritu pose les bases de ce qui fera son cinéma: des portraits de personnes qui s’entremêlent, se croisent pour changer à jamais leur vie. Ici les destins ne se croisent pas ils se percutent violemment au travers d’un accident de voiture. Amours Chiennes est sans aucun doute le film le plus choquant du réalisateur, ses combats de chien et les conditions de vie des protagonistes n’aidants pas… Un réalisme sauvage incroyable où l’Homme doit se battre pour survivre même si pour cela il doit recourir à la violence ou au vol. Une lutte acharnée où tous les coups sont permis et où l’égoïsme est de rigueur. Jamais le Mexique ne nous avait paru aussi pauvre et aussi gangrené.
Pour autant, Innaritu sort parfois de ce désespoir et de ce chaos omniprésent pour nous offrir des instants de vie très beaux et très poétiques. On voit Octavio amoureux des rêves d’avenir plein la tête, on voit Daniel retrouvant ses 20 ans au bras d’une sublime femme, et on voit El Chivo prendre soin de ses chiens avec une tendresse folle. Des pures moments de douceurs, présents pour éviter l’asphyxie provoquée par un climat de désolation sans nom.
Là où on aimait tant les destins étroitement liés de 21 Grammes ou Babel, on se retrouve un peu surpris de voir le manque de connexions entre les différents personnages. Bien sur ils seront réunis par un accident de la route spectaculaire mais les liens s’arrêteront là… Il est parfois donc difficile de voir Amours Chiennes comme un tout et non comme trois histoires bien distinctes réunies par un malheureux hasard. L’histoire de El Chivo étant la plus déconnectée du reste de l’histoire. Un sentiment bizarre quand on a découvert Inarritu avec Babel…
Amours Chiennes est un film qui évoque tour à tour la rédemption, la complexité et la vulnérabilité de l’expérience humaine. Thèmes chers à Inarritu que l’on retrouvera dans tous les films qu’il réalisera par la suite.
Amours Chiennes c’est aussi la naissance d’un acteur: Gael Garcia Bernal. Il signe ici son premier rôle au cinéma et quel rôle! Tour à tour amoureux, désemparé, gentil, violent, vengeur et un peu naif, Gael Garcia Bernal nous livre une prestation hallucinante et inoubliable! Il prouve à 22 ans qu’il a tout d’un grand et le futur ne nous aura pas fait mentir!
Amours Chiennes dépeint avec une crudité sans pareille un Mexique dans le chaos où chacun doit lutter pour sa survie. Inarritu nous livre un portrait croisé déchirant et riche en émotions de trois hommes, trois petits hommes, perdus dans la ville la plus peuplée du monde. Un film choc, inoubliable, comme une droite prise en pleine figure. Knockout !
M.
