Gare de Cannes, 22 mai 2011. Alors que nombreux sont les festivaliers sur le chemin du retour, me voilà enfin à Cannes. 2 jours loin de Paris. 2 jours pour profiter à fond de ces derniers instants du festival. 2 jours pour prendre quelques couleurs, sous le soleil du Sud. C’est parti!
Cannes 10ème jour: 11:30 A.M
Me voici donc à Cannes. Descendue au Martinez, je n’ai pas pourtant pas trop le temps de profiter de ma chambre. Et qui le voudrait? Dehors il fait chaud, très chaud, et une ambiance très particulière anime les rues Cannoises. C’est peut être bientôt la fin, mais ce n’est pas fini! Je pose mes valises, sort ma robe pour éviter qu’elle ne se froisse trop et me voilà déjà dehors. Le temps de récupérer places pour la projection et soirée officielle de La Source des Femmes ainsi que mon accréditation et me voilà en route.
A mon grand damne ma journée ne sera pas si calme. Je dois tourner quelques prises pour Europacorp et We Are Producteur, grâce à qui je suis ici. Il est 15h et je n’ai toujours pas mangé. Je constate aussi qu’il est trop tard pour aller voir le Ceylan (je me détesterais plus tard quand j’apprendrais qu’il a eu le Grand Prix…).
Retour à l’hôtel et en particulier à la piscine de celui-ci. Je commande un Panini-frittes :25€ Outch! Heureusement que le Vitamine Water est distribuée gratuitement ! Je me rends compte que PEF est à 1 mettre de moi. Petit scoop PEF est très fort en apnée! Lézardant au soleil, je suis réveillée par une voix qui ne m’est pas inconnue… Samy Naceri bien sur, que j’ai croisé plus tôt dans un restaurant en représentation. Il se met à parler avec PEF, on sent bien que celui-ci cherche à rester poli… Petit numéro de Naceri bien sur mais rien d’inoubliable j’ai juste appris qu’il louait des voitures de luxe sans laisser de cautions et qu’il voulait bien partager ses plans avec des clients de l’hôtel. Je prends quelques minutes pour aller saluer Dom de Silence Action gentiment venu m’apporter le programme des reprises du dimanche.
Il est 16h30 et je dois être à 17H15 à la plage Blanche pour me faire coiffer et maquiller. Robe et talons en place, je fonce à la plage (enfin doucement faudrait pas tomber…). En 20 minutes c’est plié! Une coiffure bien étrange et à dix mille lieues de ce que j’espérais mais je dois partir au Palais. Tant pis pour la coiffure. Non sans peine (ce qui s’est passé à Cannes reste à Cannes!!), j’arrive en bas des marches. Billet orchestre en main, j’attends sagement mon tour pour gravir les marches. C’est enfin l’heure. La montée des marches se fait assez vite. A peine le temps d’en profiter que je suis déjà en haut. Et il faut dire qu’ici pas le temps de trop trainer, les gentilles hôtesses en haut des marches empêchant tout bêtement de rester 5mn en haut des marches pour prendre une photo. Je rentre dans la salle. Je reconnais une de mes anciennes collègues qui cherchent à me placer avec un peu de mal. Je lui dis “Vous embêtez pas il y a mon nom sur le fauteuil ” Je m’adore.
Pendant ce temps sur les marches l’équipe du film la Source des Femmes arrive. L’ambiance est à la fête. Le film peut alors commencer. Pas grand chose à dire sur celui-ci mis à part qu’il ne pas du tout emballée: le sujet est très pompeux, les propos très lourds et c’est très très long… Tant pis pour la déception, il est maintenant l’heure de faire la fête. Direction la Villa Chic pour la soirée du film. Il est 22h30 et c’est déjà surpeuplé. Impossible d’accéder au buffet et presque 30mn d’attente pour avoir un Mojito. Je croise Luc Besson sur le départ. Je croise aussi Christopher Thompson (pour la 5ème fois de la journée NDRL) Il est minuit je m’éclipse aussi, le froid et le monde ayant eu raison de moi. Pizza devant le palais et je rentre à l’hôtel. Il est 2h. Demain le réveil est prévu à 7h pour tenter Melancholia à la salle du soixantième.
Cannes dernier jour: 7h30 AM
Réveillée par le room service je suis aux anges. Un petit déjeuner magnifique m’attends (à 37 euros il vaut mieux!). La journée commence bien. Douche, jean et je m’en vais déjà vers le palais. Melancholia est à 9h et j’ai très peur d’être en retard. J’arrive limite et trouve une place. La moitié des gens dort autour de moi… Okey… La salle est comble, le film peut commencer. Dès les premieres minutes on sait que l’on assiste à un chef d’oeuvre. 10 minutes d’image au ralentit sur fond de musique classique très très forte. La fin du monde est époustouflante. Le film commence comme une gentille comédie romantique avant de basculer complétement dans le drame fascinant et oppressant dont Lars Von Trier a le secret. Un film somptueux, magistralement interprété et profondément marquant! Il est 11h. Dehors Melancholia n’est pas entrée en collision avec la Terre et le soleil tape. Difficile de se remettre de la claque que je viens de prendre…
Petit passage au Palais puis c’est l’heure de déjeuner sur la plage. C’est Orange qui offre alors profitons en. Retour à l’hôtel pour un plouf et un bain de soleil.
L’heure est au pronostic. N’ayant vu que deux films en compétition je me fis à l’avis général. Pater, Le Havre, Almodovar, Melancholia, Drive, The Artist et Michel Piccoli figurent parmi les favoris. Je mise de mon côté sur un prix d’interprétation pour Kirsten Dunst.
Le temps passe et il est déjà l’heure de se préparer. La montée des marches étant à 18h30, il me reste une heure et en enfilant ma robe, je sens la pression monter petit à petit ; je réalise tout à coup l’ampleur de l’évènement.
Maquillée, coiffée, je chausse mes talons et je prie pour qu’on y aille en voiture… Je quitte ma chambre le cœur battant. Le hall de l’hôtel est en ébullition et est à lui seul une véritable attraction. Dehors les voitures défilent autour de la rotonde. Sur le départ, je croise Jean Dujardin et Alexandra Lamy, tous les deux radieux. Je me dis que le prix d’interprétation pour The Artist n’est sans doute pas très loin… Comme je l’espérais une voiture officielle nous attend à la sortie des artistes.
Direction le palais des festivals. Dehors des milliers de personne regardent le cortège des voitures officielles. Un virage à gauche et j’aperçois les célèbres marches. Je tourne la tête à droite et je croise le regard de Michel Gondry. Dernière ligne droite …. mon cœur bat un peu plus fort.
Bizarrement cette montée des marches me parait plus incroyable que celle faite la veille. Peut être parce que c’est la cérémonie de clôture et que je sais que cette montée des marches est quasi inaccessible…
Arrêtée devant les marches, la portière s’ouvre. Je descends de la voiture, l’ambiance est incroyable. Des flashs, des cris, du monde partout. Cannes. Tout juste le temps d’en profiter et de regarder Kirsten Dunst signer quelques autographes, il est temps pour moi d’avancer. Quelle incroyable sensation que de fouler ce tapis rouge sous cette armée de photographes en délire !
Il fait une chaleur incroyable et la pression se fait sentir. Sans plus attendre j’entame l’ascension de ces fameuses 24 marches. Je prie pour ne pas tomber à ce moment-là, sous peine de voir mon moment de gloire passer en boucle au zapping
Arrivée en haut, je me retourne. Waouh ! Le spectacle vu d’ici est incroyable, quelle fierté d’être ici sous le regard de tous ces gens. Pas le temps d’en profiter très longtemps, il faut déjà rentrer dans la salle. Confortablement installée je peux profiter de la fin de la montée des marches et imaginer déjà le palmarès… Si Kirsten Dunst est là c’est pour un prix d’interprétation, comme Jean Dujardin. Les frères Dardenne, l’équipe de Drive, MaÏwenn… Lequel aura la palme ? Pas d’Almodovar en vue, ni d’Alain Cavalier, pas non plus de Vincent Lindon, encore moins de Piccoli…
L’équipe des Biens Aimés arrive alors en clôture de cette somptueuse montée des marches, la mythique Catherine Deneuve en tête accompagnée de toute l’équipe du film. Christophe Honoré entre dans la salle sous un tonnerre d’applaudissement. Les lumières se tamisent, la cérémonie peut alors commencer. Premiers gros frissons quand la musique du festival retentit. Mélanie Laurent apparait. Sans plus attendre les premiers prix sont distribués. Mais ce que nous attendons le plus, c’est l’arrivée du jury et la découverte du palmarès. Robert De Niro arrive sous une standing ovation . La salle est debout devant ce monstre sacré du cinéma et moi je suis aux anges.
Un peu gêné par tant de considération, il enchaine dans un français plutôt approximatif mais très charmant. Ainsi il appelle son jury, ses « champignons » (comprenez « compagnons »), un à un.
Le charme anglais de Jude Law et surtout la magnifique Uma Thurman clôturent le défilé de la plus belle manière.
Les choses sérieuses peuvent commencer. Premier prix et première joie : MaÏwenn remporte le prix du jury pour Polisse. Cocorico. L’émotion de la jeune réalisatrice se fait sentir ; un grand moment. Après le prix du scénario pour Footnote c’est à Kirsten Dunst de recevoir le prix d’interprétation féminine pour Mélancholia. Elle remercie le jury de ne pas avoir tenu compte de la polémique Lars Von Trier.
Drive reçoit le prix de la mise en scène sans grande surprise. Puis c’est au tour de l’interprétation masculine… Dujardin ? Oui ! Cocorico une fois encore, l’acteur incrédule monte sur scène, se met à genoux devant Robert De Niro. Quelques pas de claquettes, et un sourire aux lèvres qui ne trompe pas, Jean Dujardin reçoit ce prix pour son incroyable prestation dans The Artist en ironisant « Il faut donc que je me taise pour avoir un prix… ».
On attend maintenant les deux derniers prix. Le Grand Prix d’abord. Qui pour succéder à des Hommes et des Dieux et au Prophète ? C’est un prix ex-aequo qui sera remis aux Frères Dardenne et leur touchant Gamin au Vélo et à Ceylan pour Once upon a time in Anatolia. Ne reste plus qu’un prix qui sera décerné par la magnifique Jane Fonda. On se remémore la montée des marches et on ne voit pas qui manque au Palmarès. Un second prix pour The Artist ? Une palme d’or pour Melancholia ?
C’est finalement The Tree of Life qui remporte la récompense ultime. Et on se dit qu’il est normal de ne pas avoir vu l’équipe du film gravir les marches du palais… La timidité maladive de Terrence Malick, son réalisateur, ne l’ayant pas menée jusque-là. Un film magnifique, une réflexion sur la vie et la mort et sur l’origine du monde, un film beaucoup plus accessible que les précédentes Palmes. Une palme en toute logique qui me remplit de joie.
Les producteurs de Malick reçoivent le prix en son nom. On aurait tellement voulu le voir apparaître sur scène, le voir enfin reconnu publiquement par ses pairs … Tant pis, le film et la distinction n’en sortent pas moins grands, bien au contraire, le mythe Malick s’agrandit !
La cérémonie s’achève alors.
Les dernières photos se font tandis que la salle se vide petit à petit… Les gens semblent avoir oublié qu’un film de clôture doit être projeté… Une quinzaine de minutes plus tard, le film commence dans un palais à moitié rempli. On est vraiment déçu pour le réalisateur Christophe Honoré et ses acteurs mais surtout par le manque de respect des invités du palais… Tant pis pour eux après tout.
Les Biens aimés c’est l’histoire de Madeleine la mère et Véra la fille. Toutes deux vont et viennent autour des hommes qu’elles aiment. Un film profond sur la complexité des rapports humains et sur la difficulté de faire les bons choix. Christophe Honoré reprend les thèmes qui lui sont chers pour proposer en musique une histoire singulière, semée d’embuches, belle et touchante. Un beau moment de cinéma. Le public ne s’y trompe pas et acclame pendant de longues minutes l’équipe du film. Chiara Mastroianni est en larmes.
La soirée au palais se termine alors mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Un diner au Fouquet’s m’attend. Outre le repas fantastique je croise Kirsten Dunst. Je prends mon courage à deux mains pour aller lui parler. Je lui avoue non sans émotion ma profonde admiration et à quel point Melancholia m’a retournée. Je lui souhaite bonne chance pour la suite et la félicite pour son prix. Elle me remercie chaleureusement. Je suis aux anges. Puis c’est au tour de Maïwenn de faire son apparition, elle a troqué sa longue robe rouge contre un jean tee-shirt. Accompagnée de Sandrine Kimberlain et Nicolas Bedos, la réalisatrice de Polisse semble la plus heureuse du monde. Pas le temps de la saluer, ils quittent le restaurant, sans doute vont-ils célébrer ce joli prix du jury…
Il est deux heures du matin, il est temps pour moi de rentrer à l’hôtel. Talons à la main, je profite de ces derniers moments à Cannes en me disant que je reviendrai et cette fois-ci ce sera pour y passer les 10 jours!!
2 Comments
Merci pour ces impressions très personnelles sur ton expérience cannoise ! Ca donne sacrément envie d’en être et tu as vraiment eu beaucoup de chances !
Merci pour ces impressions très personnelles sur ton expérience cannoise ! Ca donne sacrément envie d’en être et tu as vraiment eu beaucoup de chances !