On peut dire que le nouveau film de Dany Boyle a fait couler beaucoup d’encre. D’abord, depuis que l’on a appris que pour son nouveau projet le réalisateur de Slumdog Millionaire s’intéressait de près à l’incroyable histoire d’Aron Ralston, un aventurier sans limites, contraint et forcé de couper son propre bras pour échapper à une mort certaine. Ensuite, lorsqu’il nous est parvenu des images des projections américaines où des dizaines de personnes s’évanouissaient en découvrant le film. Enfin, lorsqu’on a appris que James Franco était nominé aux Oscars et pourrait, pourquoi pas, voler la vedette à Colin Firth.

Un film qu’on attendait avec impatience donc et qu’on avait hâte de voir ici à la rédaction. Pourtant, il nous aura fallu du temps pour franchir le cap et aller  le voir. Sans doute lasse d’en entendre autant parler…

127 heures est l’histoire vraie d’Aron Ralston, un jeune casse-cou de 27 ans, désireux de toujours repousser ses limites. Le 26 avril 2003, il se met en route vers les Gorges de l’Utah pour faire une randonnée. Comme à son habitude, il ne prévient personne de son excursion. Alpiniste chevronné, il connait par cœur cet endroit. Pourtant, au fin fond d’un canyon reculé, un rocher se détache suite à son passage, et vient s’écraser sur son bras droit. Après la peur et la douleur, il se rend compte peu à peu que la situation est plus grave qu’elle n’y parait : son bras est coincé sous le roc et il ne peut se détacher. Il passera 127 heures coincé sous le roc à lutter contre le froid, la soif, la faim et les hallucinations.

Avant toute chose, il nous faut saluer l’incroyable performance de James Franco. Oui car on peut vraiment parler ici de performance d’acteur !  A l’instar d’un Emile Hirsh dans Into The Wild, l’ami-ennemi de Spiderman en a fait du chemin depuis ses débuts. Véritablement révélé dans Harvey Milk, James Franco est en phase de devenir un acteur de grande classe Hollywoodienne. Acteur brillant, réalisateur et scénariste,  James Franco joue sur tous les terrains. Dans 127  heures, il interprète avec brio cet alpiniste tête brulé. Seul face à la caméra pendant une grande partie du film, il tient le film sur ses épaules et ne s’effondre pas sous son poids. Drôle, cynique, grave et émouvant, James Franco a su relevé le défi physique et émotionnel que représentait 127 heures. Sa rencontre avec le vrai Aron Ralston aura été bien inspirante !

Là où Dany Boyle se révèle excellent, c’est dans sa capacité à faire un film d’action avec un personnage immobile pendant une grande partie du film. La mise en scène nerveuse et des choix scénaristiques audacieux lui permettant ceci. On reconnait ici la “Dany Boyle touch” si singulière. Les images s’enchaînent, les plans différents se multiplient, se confondent, l’écran est partagé… Cette mise en scène est parfois nauséeuse, fatigante par moment, mais sans laquelle le film aurait sans aucun doute sombré dans un ennui profond. Bien que la fin soit connue, Daby Boyle arrive à créer des rebondissements, du suspens grâce à une frontière réalité-hallucination très mince. Des choix originaux qui servent le film et le rendent très attirant!

Autre “Dany Boyle Touch”, les paysages… Après l’inde et ses bidonvilles, Dany Boyle choisit les paysages désertiques et magnifiques de l’Utah. Le film est visuellement incroyable, donnant des envies de voyages, d’excursions et d’alpinismes (enfin presque).  La Bande originale est incroyable une fois encore, A.R. Rahman étant à nouveau en charge de celle-ci.

Dany Boyle réussit le tour de force de nous amener au fond du gouffre et de ne plus nous en faire sortir jusqu’à ce que le héros en sorte lui même. Coincé sous le roc avec lui, le spectateur est complètement impliqué, frémissant à chaque coup dur, vivant l’expérience pleinement. Et finalement, il arrive à nous faire réfléchir.  Que ferions nous si notre vie ne tenait plus qu’à la perte d’un bras ?  Aurions nous le courage de nous amputer ? Même s’il est question de vie et de mort ? En plus de cette immersion complète, le film est une véritable leçon de vie, de courage, et fait réfléchir.

Le film n’est, au final, pas si gore, la scène de l’amputation ne dure que 1 ou 2 minutes. Bien sur, elle est insoutenable et fera tourner de l’œil aux plus sensibles, tant elle parait réel et cru. Mais on s’attendait à tellement pire !

Le film est si déroutant, à la limite de la claustrophobie, qu’on est heureux de le voir sortir de ce gouffre, de revoir le soleil, les grands espaces et autre chose que ces roches rouges, et ce ciel si lointain … Finalement on se libère avec lui, heureux de redécouvrir la vie à nouveau.

Au final, 127 heures est avant tout une histoire incroyable qui donne envie d’en savoir plus sur cet homme, de lire son livre. Le film n’est finalement qu’un prétexte, une mise en exergue sur cette folle histoire. Il mérite d’être vu ne serait-ce que pour découvrir cet itinéraire d’un enfant gâté, qui vivra une sorte de renaissance suite à cet événement dramatique.

Pour autant, le film n’est pas inoubliable. Si la performance de James Franco aura marqué les esprits, on doute que le film en fasse autant… Un film à voir certes, mais un film à revoir ? Là est toute la question.

M. et A.

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