Après le timide Mary Antoinnette, Sofia Coppola revient en beauté avec Somewhere.
Somewhere est l’histoire d’un homme, Johnny Marco, un acteur en perdition, qui tue son ennui dans l’alcool, les soirées hollywoodiennes, et les stripteaseuses. Il a posé ses valises à Chateau Marmont, un des plus mythiques hôtels de Los Angeles. L’arrivée de sa fille de 11 ans, Cléo va bouleverser ses habitudes et sa vie par la même occasion.
Comme à son habitude, Sofia Coppola se concentre sur un personnage, souvent perdu et inadapté à la vie qu’il mène. Après des adolescentes suicidaires, deux adultes perdus en plein Tokyo, une reine inadaptée à son époque, Sofia Coppola pose sa caméra sur un acteur à la réputation sulfureuse, complètement dépassé par les évènements. Johnny Marco a pourtant la belle vie : acteur en vogue, il enchaine les promotions de films, voyage beaucoup, il est séduisant… Pourtant il n’est pas heureux. On est obligé de le comparer à Hank Moody et de penser à Californication en découvrant Somewhere, en moins trash quand même et beaucoup plus poétique…
Poétique oui c’est le mot qui me vient directement à l’esprit quand je repense au film. Si le film est long à démarrer, l’arrivée de Cléo propulse le film dans une autre dimension. On touche au sublime. Le film se révèle donc dès l’apparition de cette petite blondinette aux yeux clairs et n’en finira plus de monter en puissance. Une fois qu’on est rentré dans l’univers de Coppola, on est pris à la gorge. Les simples scènes du quotidien entre père et fille sont très émouvantes, de la scène où ils jouent à Guitar Héro à la préparation d’un plat de Spaghetti, sans oublier la magnifique scène dans la piscine où ils partagent un thé… On sourit bêtement devant ce spectacle pourtant consternant… C’est le point fort du film. Malgré le désespoir du héros, son incapacité à être un bon père, on sourit souvent pendant le film face à des situations des plus loufoques, la palme revenant à la scène du moulage du visage de Johnny… Finalement on est face à un homme complétement perdu dans la traduction…
Le film est rempli de clin d’œil : le film se déroule à l’hôtel Chateau Marmont (et y a été tourné), lieu mythique qui a vu James Dean débuté, Jim Morisson sauté d’une fenêtre, les membres de Led Zeppelin faisant de la moto dans le hall… Sofia Coppola est un peu Cléo : fille d’Hollywood, on l’imagine facilement suivre son père en tournée de promotion pour Apocalypse Now… Quand à Johnny Marco il ressemble étrangement à Stephan Dorff, acteur prometteur Hollywood qui s’est un peu perdu en chemin…
Les acteurs sont épatants, encore une fois Sofia Coppola semble avoir un don pour choisir ses acteurs! Le choix de Stephan Dorff est judicieux : misé sur un acteur de second plan… Que dire d’Elle Fanning si ce n’est que ce rôle lui colle à la peau, même si elle n’en est pas à son premier essai, la jolie petite blonde est vraiment épatante dans ce film. La complicité entre ces deux là est extraordinaire.
Si Sofia Coppola fait finalement toujours un peu la même chose, force est de constater qu’elle le fait bien, même très bien ! Certains diront que Somewhere est “trop Sofia Coppola” mais n’est ce pas le but? Les réalisateurs ne cherchent-ils pas à créer leur style, à trouver un univers qui leur est propre? Sofia Coppola a réussit le pari et en seulement 4 films, chapeau l’artiste !
Impossible d’évoquer Sofia Coppola et ses films sans parler musique. En effet, à chacun de ses films, la réalisatrice a toujours su choisir des bandes originales de qualité. On se souvient bien évidemment de sa collaboration avec Air pour Virgin Suicides et Lost in Translation. Ou encore des musiques totalement anachroniques au sein de Marie Antoinette, avec des groupes formidables tels que The Radio Dept, New Order ou The Strokes. A chacun de ses films, la bande originale prend une place primordiale et devient aussi importante que les images.
Et pour son dernier film, la petite Coppola est restée fidèle à elle même. Tout au long du film, on retrouve une fois encore des morceaux de qualité, que la réalisatrice arrive à placer dans des moments très particuliers et toujours très bien choisis.
Je pense par exemple à la chanson “Look” de notre chouchou Sebastien Tellier qui semble sortir de nulle part au moment où Johnny Marco débarque au sein d’une fête surprise organisée dans sa chambre d’hôtel. Ou encore cette scène totalement magnifique où Cléo fait du patinage sous les yeux de son père, avec un morceau plutôt curieux qu’est “Cool” de Gwen Stephani. Et là encore, tout semble prendre merveilleusement sa place.
Mais pour moi, LA scène majeure du film, dont est d’ailleurs tirée l’affiche, est celle de la piscine. Scène accompagnée de la ballade magnifique des Strokes “I’ll Try Anything Once”. Toute la poésie du film atteint des sommets à ce moment là, tout semble comme figé.
Mais si le film réussi à prendre une telle dimension, c’est surement grâce à un morceau l’accompagnant du début à la fin. Un morceau assez expérimental. Vous l’aurez deviné, je parle de Phoenix. Phoenix, groupe au talent confirmé et qui a su s’imposer grâce à leur extraordinaire dernier album “Wolfganf Amadeus Phoenix”. Petite coupure people, pour rappeler s’il en est nécessaire, que le leader de nos petits frenchies, Thomas Mars, n’est rien d’autre que le mari de Sofia Coppola. On comprend alors quelle a pu être l’influence du versaillais sur les choix des BO de la réalisatrice.
Ici, le groupe est parti de leur très beau et planant “Love Like a Sunset” pour composer un titre très minimaliste, mais au combien puissant. Durant tout le film, c’est ce morceau qui accompagne les aventures de Johnny et Cléo, on n’entend parfois qu’un timide clavier, qu’un petit riffe de guitare, mais le tout est brillamment construit. Et l’ouverture et la fermeture du film se fait de façon magnifique.
M. et A.